17 novembre 2009
2
17
/11
/novembre
/2009
19:00
Un nouveau roman d'Anna Gavalda est toujours pour moi un grand événement.
Son nouvel opus n'a pas échappé à la règle. Je l'ai attendu, attendu et puis il est enfin arrivé !
L'histoire de L'Echappée Belle est toute simple. Il s'agit de 4 frères et soeurs qui se sauvent d'un mariage de famille qui s'annonce des plus ennuyeux pour s'offrir une (dernière ?) parenthèse. J'ai lu quelque part qu'ils allaient, le temps d'un week-end, enterrer leur vie d'enfants. Je trouve cette formule très belle et c'est vraiment ce que j'ai ressenti au fil des pages.
J'ai beaucoup aimé ce roman que j'ai lu très (trop ?) vite. Voilà peut-être son seul défaut : il est trop court. On voudrait encore rester avec Garance (la narratrice), Simon, Lola et Vincent. D'un autre côté, ce défaut fait aussi le charme de ce roman : ne dit-on pas que les histoires courtes sont les meilleures ? A trop en rajouter, Anna Gavalda serait peut-être passée à côté de son sujet.
J'ai beaucoup apprécié les p'tits clins d'oeil semés ici et là :
- Vincent faisant la visite du château ne peut que me rappeler le personnage de Philibert dans Ensemble C'Est Tout.
- A moment donné Garance pense : "Et quelqu'un m'attendait-il quelque part ?"
- A la fin, l'auteur évoque une Camille aimant Vivaldi; comment ne pas penser à Camille Fauque, l'héroïne d'Ensemble C'Est Tout ?!
- Lola l'un des personnages dessine beaucoup ce qui nous fait penser encore à Camille mais aussi à Anna Gavalda elle-même puisque j'ai lu que lors des séances dédicaces elle se plaisait à dessiner pour ses lecteurs.
- Et surtout, la p'tite phrase figurant sur la page après la fin de l'histoire, comme un p'tit bonus ; ça m'a fait penser à ces courtes séquences qu'on voit à la fin du générique de certains films.
Vous l'aurez compris, L'Echappée Belle est un roman que je ne peux que vous conseiller. Pour ma part, je vais attendre un peu avant d'attaquer un autre livre; j'ai envie de rester encore un peu avec cette belle fratrie ... sans oublier Jalucine !
***
* Aujourd'hui elle est ma meilleure amie. Ce truc à la Montaigne et La Boétie, vous savez... Parce que c'était elle, parce que c'était moi. Et que cette jeune femme de 32 ans soit ma soeur aînée est tout à fait anecdotique. Disons un petit plus dans la mesure où nous n'avons pas perdu de temps à nous trouver.
* La lumière du soir était très belle. Toute la campagne, ocre, bronze, vieil or, se reposait de sa longue journée. (...)
Simon chantait, Vincent riait et Lola souriait. Nous marchions tous les quatre au milieu d'une chaussée toute chaude à l'entrée d'un petit village de l'Indre.
Il flottait dans l'air une odeur de goudron, de menthe et de foin coupé.Les vaches nous admiraient et les oiseaux s'appelaient à table.
Quelques grammes de douceur.
* Nous étions bien. Il y avait le glouglou de l'eau, le bruit du vent dans les arbres et les bavardages des oiseaux. Le soleil jouait avec la rivière, crépitant par ici, se sauvant par là, torpillant les nuages et courant sur les berges. Mon chien rêvait du bitume de Paname en grognant de bonheur et les mouches nous embêtaient. (...) Allongés dans l'herbe, assaillis, bécotés par toutes sortes de petites bestioles, nous nous moquions de nous-mêmes en attrappant des fous rires et des coups de soleil.
* On va mettre ça sur le compte de la fatigue mais je me suis surprise à patauger dans la guimauve. Grosse bouffée de tendresse pour ces trois-là et intuition que nous étions en train de vivre nos dernières tartines d'enfance...
Ce que nous vivions-là, et nous en étions conscients tous les quatre, c'était un peu de rab. Un sursis, une parenthèse, un moment de grâce. Quelques heures volées aux autres ...
Pendant combien de temps aurions-nous l'énergie de nous arracher ainsi du quotidien pour faire le mur ? Combien de permissions la vie nous accorderait-elle encore ? Combient de pieds de nez ? Combien de petites grattes ? Quand allions-nous nous perdre et comment les liens se distendraient-ils ?
Encore combien d'années avant d'être vieux ?
Et je sais que nous en étions conscients. Je nous connais bien.
La pudeur nous empêchait d'en parler, mais à ce moment précis de nos chemins, nous le savions.
Que nous vivions au pied de ce château en ruine la fin d'une époque et que l'heure de la mue approchait.
Que cette complicité, cette tendresse, cet amour un peu rugueux, il fallait s'en défaire. Il fallait s'en détacher. Ouvrir la paume et grandir enfin.
Il fallait que les Dalton, eux aussi, partent chacun de leur côté dans le soleil couchant.
Son nouvel opus n'a pas échappé à la règle. Je l'ai attendu, attendu et puis il est enfin arrivé !
L'histoire de L'Echappée Belle est toute simple. Il s'agit de 4 frères et soeurs qui se sauvent d'un mariage de famille qui s'annonce des plus ennuyeux pour s'offrir une (dernière ?) parenthèse. J'ai lu quelque part qu'ils allaient, le temps d'un week-end, enterrer leur vie d'enfants. Je trouve cette formule très belle et c'est vraiment ce que j'ai ressenti au fil des pages.
J'ai beaucoup aimé ce roman que j'ai lu très (trop ?) vite. Voilà peut-être son seul défaut : il est trop court. On voudrait encore rester avec Garance (la narratrice), Simon, Lola et Vincent. D'un autre côté, ce défaut fait aussi le charme de ce roman : ne dit-on pas que les histoires courtes sont les meilleures ? A trop en rajouter, Anna Gavalda serait peut-être passée à côté de son sujet.
J'ai beaucoup apprécié les p'tits clins d'oeil semés ici et là :
- Vincent faisant la visite du château ne peut que me rappeler le personnage de Philibert dans Ensemble C'Est Tout.
- A moment donné Garance pense : "Et quelqu'un m'attendait-il quelque part ?"
- A la fin, l'auteur évoque une Camille aimant Vivaldi; comment ne pas penser à Camille Fauque, l'héroïne d'Ensemble C'Est Tout ?!
- Lola l'un des personnages dessine beaucoup ce qui nous fait penser encore à Camille mais aussi à Anna Gavalda elle-même puisque j'ai lu que lors des séances dédicaces elle se plaisait à dessiner pour ses lecteurs.
- Et surtout, la p'tite phrase figurant sur la page après la fin de l'histoire, comme un p'tit bonus ; ça m'a fait penser à ces courtes séquences qu'on voit à la fin du générique de certains films.
Vous l'aurez compris, L'Echappée Belle est un roman que je ne peux que vous conseiller. Pour ma part, je vais attendre un peu avant d'attaquer un autre livre; j'ai envie de rester encore un peu avec cette belle fratrie ... sans oublier Jalucine !
***
* Aujourd'hui elle est ma meilleure amie. Ce truc à la Montaigne et La Boétie, vous savez... Parce que c'était elle, parce que c'était moi. Et que cette jeune femme de 32 ans soit ma soeur aînée est tout à fait anecdotique. Disons un petit plus dans la mesure où nous n'avons pas perdu de temps à nous trouver.
* La lumière du soir était très belle. Toute la campagne, ocre, bronze, vieil or, se reposait de sa longue journée. (...)
Simon chantait, Vincent riait et Lola souriait. Nous marchions tous les quatre au milieu d'une chaussée toute chaude à l'entrée d'un petit village de l'Indre.
Il flottait dans l'air une odeur de goudron, de menthe et de foin coupé.Les vaches nous admiraient et les oiseaux s'appelaient à table.
Quelques grammes de douceur.
* Nous étions bien. Il y avait le glouglou de l'eau, le bruit du vent dans les arbres et les bavardages des oiseaux. Le soleil jouait avec la rivière, crépitant par ici, se sauvant par là, torpillant les nuages et courant sur les berges. Mon chien rêvait du bitume de Paname en grognant de bonheur et les mouches nous embêtaient. (...) Allongés dans l'herbe, assaillis, bécotés par toutes sortes de petites bestioles, nous nous moquions de nous-mêmes en attrappant des fous rires et des coups de soleil.
* On va mettre ça sur le compte de la fatigue mais je me suis surprise à patauger dans la guimauve. Grosse bouffée de tendresse pour ces trois-là et intuition que nous étions en train de vivre nos dernières tartines d'enfance...
Ce que nous vivions-là, et nous en étions conscients tous les quatre, c'était un peu de rab. Un sursis, une parenthèse, un moment de grâce. Quelques heures volées aux autres ...
Pendant combien de temps aurions-nous l'énergie de nous arracher ainsi du quotidien pour faire le mur ? Combien de permissions la vie nous accorderait-elle encore ? Combient de pieds de nez ? Combien de petites grattes ? Quand allions-nous nous perdre et comment les liens se distendraient-ils ?
Encore combien d'années avant d'être vieux ?
Et je sais que nous en étions conscients. Je nous connais bien.
La pudeur nous empêchait d'en parler, mais à ce moment précis de nos chemins, nous le savions.
Que nous vivions au pied de ce château en ruine la fin d'une époque et que l'heure de la mue approchait.
Que cette complicité, cette tendresse, cet amour un peu rugueux, il fallait s'en défaire. Il fallait s'en détacher. Ouvrir la paume et grandir enfin.
Il fallait que les Dalton, eux aussi, partent chacun de leur côté dans le soleil couchant.