Souvenez-vous de cette photo que je vais présentée il y a quelque temps :
Cet endroit a servi de décor au tournage du téléfilm diffusé hier soir sur France 2 : L'Homme A l'Envers. En fait, il s'agit de la ferme de Suzanne Rosselin.
Je suis très attachée à ce roman car c'est le tout 1er que j'ai lu de Fred Vargas et j'avoue que j'ai eu un véritable coup de coeur. Mon amie Isabelle et ma cousine Véronique me poussaient depuis un moment à lire ses romans jusqu'au jour où cette dernière m'a prêté L'Homme A l'Envers.
A peine ouvert, impossible de décrocher de ce livre ! L'intrigue est prenante, le style est recherché (sans être compliqué non plus !), il y a beaucoup de dialogues ce qui rend l'ensemble plus vivant et le rythme est fluide. Il n'y a pas trop de personnages ce qui permet de s'y retrouver (je ne sais pas pour vous, mais quand je lis un roman de Mary Higgins Clark, je suis obligée de noter les noms des personnages, les liens qu'ils ont les uns avec les autres, etc ..., afin de ne pas perdre le fil de l'histoire).
Il y a beaucoup de chapitres (35 en tout) mais ils sont relativement courts ce qui m'a aidée à ne pas me sentir frustrée quand j'étais obligée d'arrêter ma lecture !
Le fait que le récit se déroule dans le Mercantour m'a permis de mieux imaginer les scènes dans ma tête (à noter : quand j'ai lu ce livre, je ne savais pas qu'un téléfilm était en préparation et encore moins dans ma région !).
Les personnages principaux (Adamsberg, Camille, Danglard, Soliman et le Veilleux) sont très attachants. J'aime beaucoup leur côté "pas lisse"; ce ne sont pas des super héros mais des hommes et femmes comme vous et moi avec leurs qualités mais aussi leurs défauts et leurs zones d'ombre.
L'histoire entre Jean-Baptiste Adamsberg et Camille Forestier est un fil rouge qu'on retrouve tout au long des différents romans les mettant en scène.
J'ai beaucoup aimé ce passage à la fin du roman :
"Oui bien sûr qu'il aimait Camille, du plus loin de lui-même, du fin fond de ces terres ignorées que l'on trimballe en soi comme un monde sous-marin intime et étranger. Et après ? Il n'était écrit nulle part qu'il faille réaliser chacune de ses pensées. Chez Adamsberg, la pensée n'entraînait pas nécessairement l'action. Entre l'une et l'autre, l'espace du songe absorbait quantité de pulsions.
Et puis il y avait ce terrible vent qui le poussait sans cesse plus loin devant, déracinant parfois son propre tronc. Ce soir, pourtant, il était l'arbre. Il aurait voulu retenir Camille entre ses branches. Mais justement, ce soir, Camille était le vent. Elle filait vite, jusque vers les neiges, là-haut."
Pour moi, ce dernier paragraphe résume à lui seul toute l'essence de leur relation.
Quant à l'histoire, je l'ai trouvé originale et prenante. Pendant un moment on hésite entre fantastique (un subtil mélange entre loup-garou et bête du Gévaudan) et polar jusqu'à ce que quelques petits indices distillés parcimonieusement par l'auteur au fil des chapitres nous entraînent à ce rebondissement final que, bien évidemment, je n'ai pas vu arriver !
Maintenant, la question que vous devez vous poser est : vu tout le bien que je pense de ce livre que je classe sans hésiter parmi mes livres cultes, qu'ai-je pensé de l'adaptation de Josée Dayan ? J'ai passé un très bon moment mais (hé oui, il fallait bien qu'il y ait un mais !) pourquoi, alors que toute l'histoire a été respectée dans les grandes lignes, a-t-il fallu que la scène finale où Laurence est arrêté soit bâclée ??? C'est vraiment dommage car le suspens entretenu tout le long du téléfilm est retombé comme un soufflé. Par ailleurs, le personnage de Sabrina disparaît alors que dans le roman elle réapparaît. Ou il fallait ne pas en parler du tout, ou aller jusqu'au bout.
Par contre, j'ai beaucoup aimé le jeu des acteurs : Jean-Hugues Anglade désabusé correspond tout à fait à l'image que je m'étais faite d'Adamsberg; Hélène Fillères incarne très bien cette Camille insaisissable. Mais ma préférence va sans hésiter à Jacques Spiesser. Je viens de me renseigner à son sujet et, conformément à ce que je pensais, j'ai découvert qu'il avait fait du théâtre notamment au sein de la troupe de Francis Huster. Une diction et un phrasé pareils sont tellement rares de nos jours ! Sans compter ses mimiques pince-sans-rire !
Vous l'aurez compris, j'ai quand même passé une bonne soirée devant ma télé hier soir !